Pratique créative avec l’artiste Johann Rivat : dessiner en marchant

ATELIER DE PRATIQUE ARTISTIQUE avec l’artiste Johann Rivat dans le cadre du projet départemental DSDEN 38 (musée Mainssieux à Voiron février 2020)

  1. Présentation de sa démarche artistique

Johann Rivat procède à une démarche d’observation puis de composition d’images. Cette observation quotidienne est la matière première de son travail. Son attention se porte sur les traces de l’Homme dans son environnement, et la transformation qu'engendre son activité sur ce dernier. De cette attention du regard émerge, par le geste du dessin, des compositions où une figure dialogue avec deux plans colorés, le ciel et la terre. La dialectique du fond et de la forme, celle du signifiant au signifié. Apparaît alors la singularité du point de vue, la question du regard, de la mémoire des lieux observés, ainsi qu'une interrogation de la responsabilité de l'Homme et de son faire société.

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Ses œuvres sont des espaces peints, régis par les lois de l'optique : couleur et lumière, soit en peinture: teintes et valeurs. Teintes et valeurs qui sont toujours in-croyables, et rendent irréalistes chaque image, mais bien réel chaque peinture. Ces toiles sont le plus souvent de grand format. Car c'est les capacités d'absorptions des grands formats qui l'intéresse ici. Celle du corps du peintre et de son geste par la toile, celle de la toile en réaction à la fluidité de la peinture, celle de la peinture envers l'oeil qui regarde.

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Le titre de l’œuvre est un choix associé au moment, au contexte.

Parmi ses sujets de création, il y a entre autre, l’urbanisation du paysage.

La notion de série sur un même thème permet à Johann Rivat de jouer sur la recomposition, le recadrage d’une image.

2- Le processus de création :

Johann Rivat effectue des croquis sur des carnets, des photos, des collectes d’images.

Les dessins lui permettent de saisir la la réalité, c’est une prise de notes, de traces, c’est une matière pour peindre. Il conseille d’ailleurs la pratique du dessin comme un exercice régulier avec un carnet de croquis, des pointes fines, des crayons de couleur comme outil d’observation.

Un temps est donné avant le travail de composition, Johann Rivat redécouvre ses dessins issus de ses carnets ce qui lui permet de réactiver la mémoire des lieux. Les peintures sont souvent réalisées à partir de ses dessins. Il va exercer des choix parmi ses dessins. « Créer c’est se souvenir » Akira Kurosawa.

Souvent, il réalise une composition à la gouache sur papier puis une production sur toile, avec comme médium la peintre à l’huile, la glycéro ou l’acrylique. Il lui arrive également de photocopier des dessins et d'intervenir par la couleur (gouache/aquarelle) sur ces photocopies pour tester différentes mises en couleur.

Johann Rivat varie les gestes sur ses toiles selon son intention : cela peut être des coulures, des tamponnages, des projections de peinture. Il peut inclure du scotch de masquage qui devient un élément de l’oeuvre (pour réaliser un trait par exemple) ou pour une réserve (scotch collé, passage de la peinture puis scotch décollé) ou encore en superposant les scotchs qui deviennent des supports au dessin.

Suivant son intention, l’artiste peut utiliser des pigments non dilués pour créer des effets de matière, des feuilles d’or.

 

Bibliographie:

Niccolo Manucci,  Un Vénitien chez les Mogols, édition Phébus

Stephen Shore, Uncommon Places, Thames udson EditoLe Grand Tour et l'Académie de France à Rome: XVIIe-XIXe siècles, édition Hermann

« Maintenant je ne veux plus me reposer. Les couleurs me poursuivent dans mon sommeil. Non c’est une grande souffrance et qu’est ce que je veux? Je poursuis un rêve, je veux l’impossible. Les autres peignent un pont, une maison, un bateau et ils ont fini…Je veux peindre l’air dans lequel se trouvent le pont, la maison, le bateau. La beauté de l’air où ils sont et ce n’est rien autre qu’impossible ». C.Monet

Michael Peppiat: « Vous m’avez dit tout à l’heure qu’au début de votre carrière vous ne saviez pas comment parler de votre peinture mais que, peu à peu c’est devenu presque une partie du métier que d’aider les gens à entrer dans votre monde peint? »

Marc Desgrandchamps: « Une partie du métier », c’est peut-être beaucoup dire, parce que l’essentiel reste le fait de peindre les tableaux. Disons que l’acte de présenter ce que je fais, de le présenter oralement à un auditoire ou a des personnes en particulier, est devenu une activité annexe. Une activité qui peut se révéler quelquefois nécessaire, parce qu’il arrive que les gens en aient besoin. Beaucoup de gens ont perdu ou n’ont jamais eu l’habitude de regarder. Je ne sais s’il a existé un temps dans l’histoire du monde où le regard était acéré, mais il semblerait que les habitudes de regard soient moins vives aujourd’hui ».

Entretien de Michael Peppiat avec Marc Desgranchamps

Repères, cahier d’art contemporain, n°166, p10. édition Galerie Lelong, 2016

 

Sitographie de l’artiste : http://www.dda-ra.org/fr/oeuvres/RIVAT_Johann

3. Étapes de l’atelier de pratique avec comme objectif de créer un paysage à partir de dessins réalisés en marchant.

Johann Rivat : « C’est un exercice du dessin auquel personnellement j’attache une importance particulière : Dessiner en marchant.

Pour quelles raisons ?

Pour contrecarrer l’exotisme du thème.

Pour sortir de sa zone de confort.

Pour sortir l’activité de ses clichés.

Pour se défaire de l’apriori, « je ne sais pas dessiner ».

Pour sentir l’environnement différemment.

Pour être au plus proche du « sujet ».

Pour libérer le corps du cerveau.

Pour faire apparaître l’intelligence du geste, qui vaut celle des mots.»

Compétence des programmes : Représenter le monde environnant par le dessin

1er temps : Dessiner ce qui est observé en marchant.

Pour les élèves, cet exercice peut avoir lieu dans la cour de l’école.

Outil, Médium : crayon, stylo bille, feutres aquarellables

Support : carnet à dessin spiralaire

2 ème temps : Mise en commun de l’expérience et affichage de quelques dessins pour expliciter :

  • Cet exercice permet d’aller à l’essentiel, de ressentir ce que l’on voit, de représenter le paysage avec des lignes.
  • Les dessins sont comme une banque d’images de vision plurielle du paysage

3 ème temps : Réinvestissement des dessins dans une production en lien avec les procédés artistiques de Johann Rivat et les opérations plastiques.

Ce sont des actions de transformation d’une image, d’un dessin, d’un objet, d’une matière. Elles sont nombreuses et variées si la sollicitation de départ encourage l’expérimentation, plus restreintes et mieux ciblées si le point de départ est une consigne pour des exercices d’approfondissement.

Isoler des éléments qui vont servir dans une production

  • En contrastant : par exemple en surlignant des éléments avec un feutre
  • En recadrant avec un cadre en carton, un scotch de marquage
  • En détachant du fond : par exemple en coloriant

Reproduire : en décalquant ; en photocopiant ; en utilisant un pochoir

Transformer : en modifiant l’échelle par exemple en grossissant des éléments ;

en fragmentant ; en mettant en relief 

Associer : par la juxtaposition, superposition, en intercalant, en reliant

4ème temps : A partir de ses dessins, choisir une des opérations plastiques pour réaliser sa production individuelle.

5ème temps : Mise en commun pour un temps de verbalisation et d’étayage sur les procédures engagées.

Compétence des programmes cycle 2 et 3 : Justifier des choix pour rendre compte du cheminement qui conduit de l’intention à la réalisation.

 

Cet atelier de pratique est téléchargable en PDF

Publié le 01/02/2022
Modifié le 01/02/2022