Photographie et technique
Les objectifs visés par la pratique photographique dans les classes sont avant tout artistiques, et les connaissances techniques sont réduites à l'essentiel.
Pour autant, pour l'enseignant comme pour les élèves les plus âgés, la compréhension du fonctionnement d'un appareil photo peut être intéressante.
COMMENT FONCTIONNE VOTRE APPAREIL PHOTO ?
Aujourd'hui, l'appareil photo le plus simple intègre un automatisme sophistiqué, basé notamment sur la mesure de la lumière.
En effet, c'est bien la lumière qui permet la photo-graphie (écriture par la lumière) ! C'est avec cette dernière que le capteur numérique ou la pellicule peut enregistrer une image. L'automatisme de l'appareil photo, ou les choix de réglage de l'utilisateur expert, permettent de réguler la quantité de lumière nécessaire à une bonne image.
Commençons avec deux paramètres essentiels : l'ouverture et le temps d'exposition.
Faisons l'hypothèse que les conditions de lumière de ce paysage nécessitent une ouverture et un temps d'exposition moyens :
Bien sûr, c'est la quantité de lumière totale qui compte pour une bonne exposition, pas la façon dont on y arrive !
De la même manière que l'on peut remplir son arrosoir avec un filet d'eau et un temps très long, ou un fort débit pendant un temps court, les deux paramètres d'ouverture et de temps d'exposition peuvent être modulés.
Mais ces deux choix différents ont aussi des conséquences sur d'autres aspects de l'image !
Tout d'abord, une grande ouverture va réduire la profondeur de champ (la zone de netteté de l'image).
Mais un temps d'exposition très court (une vitesse rapide) va aussi permettre de figer les mouvements, comme avec cet oiseau qui traverse le paysage.
A l'inverse, une petite ouverture va permettre une grande profondeur de champ, et le temps d'exposition long va créer un flou de déplacement pour notre oiseau.
En terme d'exposition, une variation d'un des deux paramètres (ouverture et temps d'exposition) devra donc être compensée par une variation inverse de l'autre.
En réalité, un troisième paramètre (promis, c'est le dernier !) vient s'ajouter à l'ouverture et au temps d'exposition : il s'agit de la sensibilité.
La sensibilité, c'est la capacité du capteur numérique ou de la pellicule à produire une image avec plus ou moins de lumière.
Un capteur ou une pellicule très sensible pourra faire une photographie avec moins de lumière (c'est à dire un temps d'exposition plus court, une ouverture plus réduite...). C'est très pratique, mais en contrepartie, la qualité de cette image en sera affectée (grain plus grossier sur une pellicule, bruit numérique sur un capteur).
QUELQUES EXEMPLES PRATIQUES
Dans ce premier exemple, la volonté était de créer un contraste visuel entre la fixité du décor et le mouvement des spectateurs dans ce musée.
Pour cela, le critère important est la durée d'exposition : elle est réglée à 3 secondes (ce qui est très long !) et l'appareil est mis sur un pied pour qu'il ne bouge pas durant ce temps.
Pour équilibrer de temps d'exposition long, la sensibilité et l'ouverture sont en conséquence très réduites.
Dans ce deuxième exemple, la volonté était exactement l'inverse que pour la photo précédente : il s'agissait de figer le mouvement des gouttelettes en suspension.
Pour cela, le critère important est encore la durée d'exposition, mais elle est cette fois-ci ajustée à 1/2000ème de seconde (ce qui est très court !).
Pour équilibrer de temps d'exposition très court, la sensibilité et l'ouverture doivent être plus importantes. Mais pour autant, il faut tenir compte de la profondeur de champ, et donc avoir une ouverture pas trop grande pour qu'une partie de la glace reste nette.
Dernier exemple : nous sommes dans le cadre de la macro-photographie. L'important, comme dans la photographie de portrait, est d'isoler le sujet du fond afin qu'il ressorte bien. En effet, l'arrière plan d'une fleur photographiée en gros plan dans un champ (ici un simple trèfle) est très complexe : un entrelacs d'herbes croisées, qui pourrait brouiller l'image.
Pour cela, le critère important est donc l'ouverture : pour limiter la profondeur de champ, elle est fixée au maximum de la possibilité de l'objectif utilisé (ici f/4,5).
Cette grande ouverture permet de réduire le temps d'exposition et la sensibilité.
Quelles conséquences en tirer dans la pratique de classes ?
Deux points utiles peuvent simplement être retenus :
- si l'on veut figer un mouvement, il faut se placer dans un espace très lumineux (par exemple en plein soleil) pour que l'automatisme de l'appareil assure un temps d'exposition court.
- si à l'inverse on cherche à représenter un mouvement filé, on choisira un environnement plutôt sombre (par exemple dans un local non éclairé, un jour sans soleil). On augmentera également nos chances en photographiant ce mouvement de près.